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ALLPAMANTA

Récit de science fiction, écrit lors d'un travail réalisé pour la FrenchCinema 4D

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Histoire de l'Homme

 

ALLPAMANTA

 

 

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D’après les dires, cela fait des milliers de générations que le système galactique évolue dans une ambiance plus ou moins sereine, chaque espèce ou habitant d'une planète produisant, commerçant, échangeant, migrant, entre elles, à plusieurs années-lumière de distance. Cependant, la Légende que tous ces habitants de l'univers soient issus d'une même planète a de tout temps existé, mais ce mythe de la Prima Terra fut sans cesse contredit par les pouvoirs politiques, scientifiques ou religieux, voir même certains groupes d'intellectuels.


Mais alors qu'il vaguait dans le système Muspay, Pillapis, le commandant actuel du Allpamanta, est invité d'urgence à se poser sur la planète T'iyu d’où vient d’être faite une découverte des plus surprenantes.
En effet, enfouie dans son sable millénaire, une sonde sphérique contenant d’étranges informations fut découverte par les populations nomades alors qu'elles foraient le sol afin d'extraire du minéral.
À l’intérieur de cette sonde, plusieurs documents montrant des silhouettes de type hominidé, un croquis basique de l'ADN, une succession de neuf sphères de tailles inégales concentrées autour d'une plus grande que toute, des caractères, idéogrammes dont certains semblent figurés dans des livres anciens ou sacrés. Pillapis reste perplexe, et si la prophétie de la Prima Terra était belle et bien réelle.

 

Le Allpamanta n'est pas un vaisseau de guerre ni de commerce, il ne transporte rien de matériel, seul sont équipage et son devoir : la propagation de la paix, même si tous les systèmes connus à ce jour ne présentent aucune relation conflictuelle grave avec un tiers. Le Allpamanta se déplace lentement, c'est un vaisseau vagabond, afin de faire de grande distance, il doit s'introduire dans un porteur qui voudra bien l'inviter. En règle générale, il est toujours le bien venu. Pillapis est le capitaine actuel du Allpamanta, c'est un homme respecté du conseil central, sa croyance en la Prima Terra fut de tout temps, mais ce n’était qu'une croyance, soit un mensonge bien perpétré.

La récente découverte de la sonde sème le trouble, surtout que la profondeur à laquelle elle fut découverte, révèlerait qu'elle se serait écrasée sur T'iyu avant même que la divinité de cette peuplade aurait conclu sa création. Mais les lobbies Anti-Prima Terra mettent pression, surtout les castes religieuses qui ne peuvent accepter le faite que leur espèce ne fut pas créée sur leur propre sol. Même les Mullach, civilisation du système Gliocas ayant développé un langage et une écriture de type binaire (800 lignes pour rédiger un poème en alexandrin) et qui de ce faite possèdent l'une des masses crâniennes les plus corpulentes, ne peuvent s'imaginer de la même souche que les Ndaanaan, peuple primitif du système Rafet, qui passent leurs journées avachis sur leurs arbres à becter des feuilles riches en protéines et à copuler. D'ailleurs, les Ndaanaan n'ont que faire de la Prima terra et de ces mythes, vu que seuls les intéressent ces feuilles protéinées et copuler.
Donc jadis, la légende de la Prima Terra n'était que le fruit de « on dit », de spéculations douteuses ne reposant sur aucun fondement. Les bases de cette légende étaient instables, purs délires excentriques d’anthropologues complexés, de philosophes retirés, voire même de sorciers paranos à la recherche d'une fraternité oubliée. Seulement maintenant, les nouvelles données perturbent, dérangent, chagrinent. Les informations (même si elles n'ont pas encore été réellement décodifiées) contenues dans la sonde imposent leur présence, et Pillapis, Commandant actuel du Allpamanta, a décidé de vouer sa vie à la quête de la Prima Terra.

 

Depuis T'iyu, Pillapis, commandant actuel du Allpamanta se dirige de ce pas sur chûbuseka, planète ou réside le conseil central, il doit faire part de la découverte et proférer quelques demandes. Le voyage sera long, d'une part parce que le Allpamanta se déplace lentement, mais surtout parce qu’aucun transporteur ne se trouvait aux abords de la planète sableuse. Cependant, il y parvint, grâce à l'aide du capitaine Kholostiák qui, recevant son appel, accepta de faire un léger détour afin de l'emmener jusqu'à Chûbuseka.

Pillapis fait donc son rapport au sujet de la découverte de la sonde, il y présente les documents qu'elle contenait, et certifie qu'une fois déchiffrés, les coordonnées spatiales de la Prima Terra lui seront révélées : le conseil soupire. Pillapis est conscient que sa quête sera longue, il demande donc au conseil un budget qui l'aidera à mener sa recherche à terme : le conseil refuse, « on n'a pas que ça à faire »
Pillapis a l'habitude de ce genre de réaction, tout comme son vaisseau, il est un vagabond, et de tout temps, il a su se débrouiller par ses propres moyens.


Dans un premier temps, Pillapis doit se rendre sur Ngen'kimn, planète du système Pilun, où se trouve concentrée la plus grande masse de manuscrits, de livres anciens et de thésaurus. Seul sur ce sol, il pourra confronter les données de la découverte à l'immense savoir que contiennent les bibliothèques de Ngen'kimn. Ngen'kimn est la planète de la connaissance, mais aussi une planète universitaire très prisée. Une quantité innombrable d'individus, venant des quatre coins de la Galaxie, converge en son sein pour acquérir les plus subtiles connaissances, celles des sciences dures et molles, celles de l'administration et de la politique, celles des arts et de la prose, celle de l’anthropologie et de la philosophie. Cependant, après un long cycle universitaire, nombreux sont les élèves qui dérivent dans la drogue ou l'anarchisme, combien se suicident ou s'exilent à la recherche d’ermitage, beaucoup même se retrouvent avec les Ndaanaan, à terminer leur vie avachis sur un arbre, à manger des feuilles protéinées et à copuler. Et oui, très souvent, il faut un cycle universitaire entier pour comprendre à quel point toutes les connaissances acquises sont d'une insipidité extrême face aux jouissances de la chair.
Pillapis, doit donc faire route. Sur chûbuseka, il a bon nombre de connaissance, c'est son ami Yerouh qui le mènera sur Ngen'kimn. Le Allpamanta prend donc place au cœur de porteur Gamiil, commandé par Yerouh, ami de Pillapis.

Rétrécir l'espace-temps, c'est très pratique pour effectuer de longue distance, et le Gamiil, porteur commandé par Yerouh, le fait très bien. De ce fait, le Allpamanta, son commandant Pillapis, et son équipage, arrive très rapidement sur Ngen'kimn, planète du système Pilun, où se trouve concentré tout le savoir accumulé depuis des temps immémoriaux. Ngen'kimn, c'est aussi en son sol où serait né, d'après les dires, la légende de la Prima Terra. En effet, c'est ici où aurait vu le jour le mouvement Yaru, corpuscule militantiste, dirigé par un groupe d'intellectuels, qui faisait de l'anthropobiologie le fondement de leur philosophie. Mais tous les membres de cette milice auraient disparu, massacrés lors d'une violente manifestation par les forces de l'ordre du moment, aidée par des groupes sectaires assez influents. Actuellement, le mot Yaru, tout comme celui de Prima Terra, demeure au panthéon des oubliettes.


Ceci dit, Pillapis dois effectuer des recherches, des analyses, des retranscriptions, des interprétations de toutes les données contenues dans la capsule trouvée sur la planète T'iyu, par des populations nomades alors qu'elles foraient le sol afin d'extraire du minéral. Cette première quête est longue, il divague, de bibliothèque en bibliothèque, feuilletant les manuscrits, se plongeant aux cœurs d'innombrables dictionnaires pour détecter la traduction juste, il parlemente aussi avec des professeurs, toutes informations, aussi minimes soient elles, sont d'une grande importance.
Perché au quarante-septième étage d'un édifice universitaire, enfoui dans des piles de bouquins, Pillapis est imperturbable, comme enfermé dans un caisson hermétique que seule son étourderie pourrait rompre. Il feuillette, prend des notes, se touche le front, fronce les sourcils, transpire. Levant la tête pour soulager sa nuque d'une contraction certaine, son regard se gèle sur une warmi, habitante de la planète Uralaka reconnaissable par leur peau matte et leurs cheveux à la blancheur insondable. Elle aussi le regarde, Pillapis reste pétrifie par sa beauté, leurs pupilles rentrent en résonance, ils se dévisagent un certain temps. La warmi a les yeux d'un vert profond ; son regard, transparent et acrimonieux, est la preuve de sa virginité. Elle s'approche de Pillapis, qui n'a cessé de la contempler, le salue, et ils commencent à converser. La Warmi se nomme Suma'kay, cela fait plusieurs révolutions qu'elle étudie sur Ngen'kimn, la sociologie dans un premier temps, les sciences évolutives dans un second, pour enfin terminer avec la musique. Mais elle est fatiguée, épuisée par ce cirque et souhaite s’échapper. Pillapis lui parle de sa quête, et l'invite à l'accompagner. Suma'kay accepte.

 

Suma'kay a de nombreux cycles universitaires derrière elle, elle est douée et intuitive. Elle aurait quitté Uralaka après le décès de son père qui aurait été retrouvé mort, intégralement nu, les membres liés, la tête enfouie dans une bouche d'égout. Suicide ? Meurtre ? Accident ? L’enquête n'a jamais eu lieu, on a très vite prétendu qu'il était attend d'une psychopathie névrotique, c'était un aliéné compulsif et sa vie n'avait que peu d’intérêt, donc sa mort n’intéressa personne, encore moins les enquêteurs. Ceci dit, il s'était voué à des recherches d'une grande profondeur au sujet de la Prima Terra, tachant de la localiser d’après les dates de création de chaque civilisation qui se serait formée au gré des temps immémoriaux. En remontant la chronologie, il avait réussi à définir un cheminement plus ou moins linéaire qui l'aurait conduit à un système plutôt excentré dans la galaxie, pas très loin du système Shukranoo que les légendes prétendent avoir été détruit par une explosion cosmique.
Coïncidence ? Mais d’après les interprétations effectuées par Pillapis sur les documents de la sonde découverte sur la planète T'iyu, les coordonnées le la Prima terra avoisinerait celle de Shukranoo. Pillapis se sent envahi par une forme de certitude probante, il est confiant, il sait que le grand voyage peut commencer. Mais la route sera longue, très longue, et Pillapis n'est plus tout jeune. Suma'kay, elle, resplendit de fraicheur, et Pillapis lui demande que s'il ne parvient pas à destination, qu'elle continue et termine la quête. Suma'kay lui en fait la promesse.

Pillapis termine les derniers préparatifs, Suma'kay prépare ses affaires, l'équipage du Allpamanta est maintenant près pour le départ. Car le départ pour le grand voyage va commencer, et la conclusion de ce voyage révélera enfin à toutes les espèces vivantes dans l'univers, l’existence de la Prima Terra. Car Pillapis est maintenant conscient que sa croyance passée s'est soudainement transformée en une certitude profonde, et ce, grâce aux savoirs acquis sur Ngen'kimn, planète du système Pilun.


Mais plusieurs problèmes se posent. Tout d'abord, quitter Ngen'kimn ne va pas être chose simple ; et ensuite Pillapis, n'ayant reçu aucune aide du conseil, ne sait pas trop comment assurer les ravitaillements. Demander à être transporté est une chose, demander à être nourri en est une autre, mais bon, ce n'est qu'une demande de plus.
Tout le monde à bord, le Allpamanta s'éloigne donc de Ngen'kimn, depuis là-haut, Pillapis aura plus de chance de capter des signaux de transporteurs vaguant dans le coin ; Suma'kay regarde sa planète universitaire s'éloigner, et son passé s'estompe.
Après de nombreux essais, Pillapis finit par entrer en communication avec Geumnaich, capitaine de l'immense navette Innis qui se rend sur Sajâ'ir. Cette planète ne se trouve pas dans la direction de l'ancienne Shukranoo, mais il ne faut jamais rater une occasion de bouger, surtout que le capitaine Geumnaich accepte de les prendre à son bord.
« Quoi ? Donné à becter à ton équipage, t'es devenu croyant Pillapis? »
La réaction du capitaine est claire, cependant, sur le chemin menant à Sajâ'ir ; le Innis devrait avoisiner Ndaanaan, et Pillapis demande à Geumnaich de les déposer ici même. En effet, quelques feuilles protéinées procurent une alimentation honorable pour n'importe quel individu, et à Ndaanaan, ils n'auront aucun problème pour en ramasser une quantité suffisante pour leur voyage. Se rendre à Ndaanaan, voilà une idée qui rend enthousiaste l'équipage du Allpamanta.

Le voyage interstellaire est long, et l'équipage du Allpamanta fait bande à part, reste à bord du vaisseau vagabond et tache de s'occuper comme il peut. Le mieux est de dormir, afin d'utiliser le minimum d’énergie pour supporter les futures douleurs d'estomac. La nuit fut longue, et vivifiante, Pillapis, aux cotés de Suma'kay, quitte sa cabine, Suma'kay a les yeux d'un vert profond, mais son regard a changé. L'équipage s'éclate de rire en jouant au truco, l'ambiance et sereine et conviviale.
L'immense navette Innis poursuit son chemin à grande vitesse ; à bord du Allpamanta, les estomacs gargouillent, mais les parties de Truco s'enchainent et préservent l’allégresse. Pillapis est méditatif, Suma'kay feuillette des encyclopédies.
Une subreptice secousse témoigne du ralentissement inopiné du Innis, par radio interposé, Geumnaich parlemente à Pillapis : « c'est bon tu peux te barrer ! »

 

Ndaanaan est à vue d'oeil, le Allpamanta s’élance en direction de son atmosphère, à bord, la joie est à son comble.
Ndaanaan est une planète verte, intégralement recouverte d'une végétation dense dont le renouvellement est proportionnel à la révolution de la planète. Des arbres, à perte de vue, et rien ne peut arrêter leur croissance. Ndaanaan est une planète sans gouvernement, sans loi, sans règle. Personne ne l'administre, c'est une planète dépotoir, refuge de tous les paumés de la Galaxie. Ici, on mange des feuilles protéinées, et on copule, c'est la seule occupation, d'ailleurs personne n'a fait attention à l'arrivée du Allpamanta.
Pillapis maintient son vaisseau en lévitation, et l'équipage prend pied à terre grâce aux nacelles. C'est l’euphorie ! Alors que pillapis souhaite effectuer sa cueillette, tous les membres de l'équipage n'attendent pas un instant pour grimper aux arbres, se vautrer sur une branche à becter des feuilles et, le plus important, à copuler.
Incontrôlable, Pillapis est conscient de la décharge à accomplir, la cueillette attendra, maintenant qu'il est sur Ndaanaan, il sait qu'il a tout le temps devant lui.

Cela fait plusieurs rotations que le Allpamanta et son équipage se trouvent sur Ndaanaan, les cueillettes s’intercalent avec le bon temps, il est préférable d'en profiter avant le Grand Voyage.
Au crépuscule, Pillapis, aux côtés de Suma'kay, converse avec Xarit, un vieux de la vieille, ce dernier fume du Neex. Le Neex est une drogue obtenue à partir de la Xaalis, la fameuse feuille riche en protéine qui abonde sur cette planète verdoyante. Sa préparation est lente et précise, d'une part il faut la laisser sécher trois rotations, et pas plus, ensuite il faut la mettre en contacte avec de la vapeur d'eau pendant un certain temps, ceci à quatre reprises, afin amenuiser son effet. Fumer du Neex après un seul contact avec la vapeur d'eau, et c'est la mort assurée : les neurotransmetteurs se déchainent, les synapses se dilatent, et le cerveau fini par imploser.
Xarit ricane en se rappelant de ses implosions : « quelle bande de crétins, ils voulaient jouer les dures, se croyant résistants, mais leur tête n'a pas supporté. Et ça fait un sacré vacarme un crâne qui se déchire. »
Lorsque Xarit fume du Neex, il est très lucide, et la conversation avec Pillapis s'emballe.
Xarit dubitatif : « Tu délires Pil avec ta Prima Terra, ça te mène à quoi ? »
« À être sûr qu'elle existe » rétorque le capitaine du Allpamanta.
« Sûr de quoi ? Douterais-tu de son existence ? »
« Je doute, car je crois qu'elle existe, il me faut ôter ce doute de mon esprit »
« Hahahaha » ricane Xarit, « et pourquoi tu ne te contentes pas de ta croyance »
« Combien sont morts en fumant du Neex, croyant qu'ils étaient résistants ? Et toutes ces croyances qui imposent la création de chacun sur sa propre planète. La découverte de la Prima Terra mettra fin a tout ça. »
Xarit pensif : « Mmmmhhhh, j’espère juste qu'ils ne te tueront pas avant l'aboutissement de ta quête. »
Pillapis reste immobile, surpris ; Suma'kay lui agrippe le bras.
Et de nouveau Xarit : « bon je vais aller me percher, j'ai besoin de repos, au lever tu fais route Pillpapis ? »
Pillpais : « oui, nous partons demain, le chargement est prêt »
« Et bien bon voyage, même si nous ne nous verrons points demain, nos chemins se recroiseront. »
Et Xarit disparait dans la profondeur de la nuit. Pillapis reste muet, Suma'kay le regarde. Demain aura lieu le grand départ, pour ce Grand Voyage, aucune escale ne devra lui barrer la route.

Le moment est venu pour le Allpamanta de quitter Ndaanaan, l'équipage ressent comme une tristesse, Suma'kay est mélancolique, car elle sait que le prochain arrêt sur le sol d'une planète se fera sur la Prima Terra, Pillapis est unanime à ce sujet.


Propulsé dans l'immensité, la Allpamanta commence son grand voyage, quand se terminera-t-il ? Ou se terminera-t-il ?

Ndaanaan est une planète dépotoir, peu de gros cargos passent en son voisinage, et Pillapis répète les appels via radio, mais peu de succès. Pillapis est inquiet, stressé, Suma'kay le conforte; l'équipage lui est euphorique : il ne lui en fallait pas plus. Perdu dans l'immensité, le Allpamanta se déplace lentement, il est clair qu'à cette vitesse-là, tout le monde sera mort avant la découverte de la Prima Terra. Mais Pillapis persiste.
C'est alors que Verlassenheit, capitaine de la navette Unoopastheet, mais aussi mercenaire réputé, répond à son appel. Le reître transporte une cargaison secrète et se dirige vers Nirmala, planète du système Halachala, où un prince corrompu l'attend. Pillapis connait Verlassenheit, jeune fumiste prétentieux, mais il sait qu'il ne peut rater cette occasion d'effectuer une distance importante qui ne ferait que l'approcher de l'ancienne Shukranoo, et donc de la Prima Terra.
"Hahaha" ricane Verlassenheit, « le commandant du Allpamanta. Où te dirige donc jeune Pillapis ? »
Cette question montre bien à quel point ce jeune délinquant n'est qu'un vaurien sans respect. Mais Pillapis doit se la jouer ruser, il connait l'univers, sait ou se rend le Unoopastheet, et repère bien le cheminement du vaisseau. En aucun cas il ne doit lui révéler sa destinée, et répond alors, paisiblement : « A Wanta »
« Ohohoho » ricane de nouveau Verlassenheit, « Ça tombe bien, c'est juste sur ma route. Comme quoi je suis ton sauveur. » et Verlassenheit ricane de plus belle. « Aller embarque ! »
Le Allpamanta prend donc place au cœur du Unoopastheet, et Pillapis ordonne à son équipage de ne rien dire, Verlassenheit est une canaille, il est en relation constante avec les trafiquants, et les dirigeants des sectes, C'est un larbin vaniteux qui à fait de la vente son principal gagne-pain : vente de substance chimique, vente d'armes périmées, vente d'individus, vente d'idées, vente de renseignements.
« Veux-tu t'installer à bord de mon salon d'invité Pil ? » rétorque Verlassenheit d'un air sarcastique.
« Non, merci, nous resterons à bord du Allpamanta, inutile de te déranger. Quand tu pointeras sur Wanta, tu me préviens, et tu nous largues »
"Ohohoho" mentionne Verlassenheit, « très bien très cher. Mais qu'est-ce que tu vas foutre sur Wanta, s'il n'y a rien là bas ? »
Décidément, ce larbin est très curieux, mais Pillapis répond : « Moi aussi, j'ai des actes secrets à effectuer. » Et Pillapis coupe la radio. Plus on parlemente avec ce merdeux, plus il en redemande.
Le Unoopastheet reprend donc sa croisière à très haute vitesse, l'équipage du Allpamanta tâche de rester serein, calme, sans trop effectuer de mouvement, mâchouillant de temps à autre du Xaalis. Pillapis est nerveux, il n'a aucune confiance en son porteur, mais il se trouve en son cœur. Suma'kay rédige un carnet de route, elle est bien loin des préoccupations du capitaine.
De nombreux sommes se sont succédé, à bord du Allpamanta, c'est le silence absolu. Soudain, le Vaisseau vagabond est éjecté du Unoopastheet, pour se retrouver aux abords de Wanta. Pillapis soupire, sourit, soulagé que tout ce soit bien passé. Aucune connexion verbale avec Verlassenheit, qui poursuit sa route sur Nirmala.

Il en est passé du temps, depuis que le Allpamanta a quitté le système de Wanta, les déplacements se sont succédé, et une partie de l'équipage a quitté bord, ennuyée par ce Grand Voyage. Pillapis est serein, et son vaisseau vient de prendre place au cœur du Raxas, piloté par Goor, connaissance de Pillapis. Goor est un nettoyeur de l'espace, il est fréquemment envoyé en mission pour détruire des plates formes spatiales périmées, des OVSE (Objet Volant Sans Équipage), ou tout ce qui peut trainer dans l'espace et nuire aux déplacements et à l'intercommunication des flottes actuelles.
Goor, de sa voix doctorale et rappeuse : « Ha Pillapis, mon jeune ami, c'est toujours un plaisir de te retrouver. Mais qui est donc cette jeune Warmi qui t'accompagne ? »
Goor connait bien l'univers, pour l'avoir nettoyé de toute part, et avait reconnu cette habitante de la planète Uralaka reconnaissable par leur peau matte et leur cheveu à la blancheur insondable. Et Pillapis lui répond :
« Je te présente Suma'kay, nous nous sommes rencontrés sur Ngen'kimn voila déjà un certain temps, nous voyageons ensemble, à la recherche de la Prima Terra. »
Goor avait remarqué le regard de Suma'kay, ce qui le fit sourire : « Haain, elle t'accompagne, très bien..... Et ta Prima Terra, où elle se trouve ? »
Goor connait parfaitement la légende et la quête de Pillapis, ce dernier lui répond : « Il faut que tu nous déposes aux abords du système Shukranoo, d'ici nous serons tout proche. »
Goor : « Mais tu sais très bien que Shukranoo n'existe plus, elle n'est plus répertoriée sur les cartes. » Et après un temps de réflexion « Mmmmmh, si je ne me trompe, le système Bungula était voisin de celui de Shukranoo, mais pareil, je ne sais pas s'il figure sur ma carte. »
Pillapis est pensif..... « Bungula ? »
Les deux capitaines révisent leurs documents et archives, et très vite ils arrivent à la conclusion que Bungula était un système voisin à celui de Shukranoo. Ce qui veut dire, d’après les convictions de Pillapis, que la Prima Terra ne serait pas loin de Bungula.
« S'il te plait », professe Pillapis, « dépose-nous près de Bungula, largue-nous, et je terminerai ma route seul. »
Goor : « Mais Bungula est un système de trois étoiles, le mieux serait que je te dépose près de cette naine rouge, tu ne seras alors point dépendant de son attraction. »
« Donc tu acceptes ? » exprime pillapis, les yeux presque en larmes.
« Bien sur mon ami, je ne suis pas pressé, et ce petit détour pour moi est une délivrance pour toi »
Le Raxas change donc de trajectoire, et se projette, à grande vitesse, en direction de Bungula. Le voyage sera long, et Pillapis, se plonge alors dans des songes à rallonges. Il s'imagine la Prima Terra, berceau de l’espèce humaine. Pour qu'une planète fût berceau de l'humanité, c'est qu'elle devait réunir à elle seule tous les critères de beauté. La Prima Terra, aux yeux de Pillapis, devait être le joyau de l'univers, la planète la plus belle qui existe, la planète qui regroupe les conditions de vie idéales. Et il se sentait de plus en plus proche d'elle, de plus en plus en elle, comme effectuant un voyage dans le temps, à l'époque de l'origine. Voici des millions de générations qu'un corpuscule d'humain engagea le début de la grande migration. Pourquoi décidèrent-ils de migrer ? De partir ? De quitter la plus belle planète de l'univers ? Surement par curiosité, par désir profond de connaitre ce qu'il y avait ailleurs. Et en ce moment même, Pillapis effectue le voyage contraire, il retourne à la source, à l'origine, par curiosité, par désir de savoir ce qu'était cette origine : la Prima Terra.
Aux abords de Bungula, le Allpamanta est sur le point d'être largué.
« Merci Goor, merci mon ami » et Pillapis, suivit de Suma'kay et du peu qu'il reste de l'équipage montent à bord du vaisseau vagabond.


Le Allpamanta est largué, le plus vélocement possible. D’après les dernières analyses, la Prima Terra devrait être atteinte d'ici 47 générations.

D'après les calculs et analyses effectués par Pillapis, Le Allpamanta devrait atteindre en gros sa destination d'ici 47 générations. Inutile d'être un grand savant, ou d'avoir étudié des révolutions sur Ngen'kimn pour comprendre que d'ici là, même Suma'kay serait morte. Seule solution, se cryogéniser.
Vu qu'une bonne partie de l'équipage a fait bande à part, le Allpamanta est suffisamment équipé de capsules cryogéniques pour endormir le monde qui reste durant un certain temps. Katakayna, le cerveau de l'équipage, se charge de la programmation des capsules, la décongélation devra avoir lieu en temps voulu : pas trop tard pour ne pas avoir à faire demi-tour, et pas trop tôt, pour ne pas attendre inutilement. 47 générations représentent approximativement 27.721.728 IU (Instant Universel). Le problème est bien évidemment qu'une génération est une donnée très variable, mais Katakayna l'estime à environ 29491 IU, en étant pessimiste. Bref, il pense qu'il est dans le bon.
Tout l'équipage s'installe, Pillapis embrasse Suma'kay. Il sait très bien que 47 générations est une éternité, mais que cryogénisé, ce n'est qu'un instant. Mais il ne peut s’empêcher de penser qu'il ne reverra pas sa douce durant 27.721.728 IU. Tous allongés, le compte à rebord est lancé, et la cryogénisation commence. Très vitre, tous les membres du Allpamanta sont endormis, pour un long somme. Et le vaisseau poursuit sa navigation dans l'espace infini.....

Il reste 3465 IU au compte à rebours, le voyage dans cette mer silencieuse s'est déroulé pour le moment sans problème, tout le monde dort paisiblement. Soudain, le Allpamanta passe au voisinage d'une planète bleue, teintée d'un bleu profond. Est-ce la Prima Terra ?

 

47 générations viennent de s'accomplir, les capsules cryogéniques montent leurs températures de façon lente et douce, le premier à se réveiller est Pillapis. Il prend pied comme si ne rien n'était, il tourne en rond, il est pour l'instant seul, et vérifie les informations sur le tableau de bord. C'est alors que Katakayna fait son apparition.
Pillapis : « Katakayna ! ça va ? t'es sur que tu ne t'es pas planté dans les calculs. » Pillapis est stressé.
Katakayna : « Tranquille Pil, d’après les informations des scans, tout est OK, on aurait traversé 5 orbites, peut être 6 depuis que nous sommes dans ce système solaire. Et dernièrement, nous avons frôlé un champ d’astéroïdes, mais aucun problème. »
Pillapis tourne en rond, tel un abusé. Suma'kay et le reste de l'équipage font surface. Tout paraissait comme s'il ne s'était pas vu depuis la veille.
Pillapis se souvenait alors des documents découverts dans la sonde sur la planète T'iyu par les populations nomades alors qu'elles foraient le sol afin d'extraire du minéral. Il rétorque : « Et au loin, tu vois quelque chose? »
Katakayna : « Un truc peut être, mais nous en sommes encore loin. »
Pillapis : « Comment ça un truc au loin ? File moi du Xaalis, il faut que je fume du Neex. »
« Mais qu'est ce que tu racontes Pil, t'es devenu malade ? »
Et à Pillapis de répondre : « En fumant du Neex, mes sens s'amélioreront, ma vue deviendra perçante, et je pourrais voir plus loin ! »
« T'es en plein délire mon pauvre, ton somme ne ta pas fait du bien, calme toi. Dans moins d'une révolution nous serons vers ce truc au loin, calme toi et sois patient. »
Mais Pillapis ne peut plus attendre, il est désemparé, continue de tourner en rond, comme s'il cherchait du xaalis. Et Suma'Kay l’arrête par l'épaule : « Calme toi chéri, dans moins d'une révolution nous serons sur la Prima Terra, je le sens, l'arrivée est proche. Mais calme-toi. »
Pillapis se frotte alors le front, essuie les larmes de son regard : « Excuse-moi Suma, je suis sur les nerfs, ça va aller »
Et Pillapis porte alors ses iris sur cet infini, sur cet horizon au loin, il se sait perdu dans l'immensité, mais aussi proche de la source.

 

Pillapis ne se repose plus, sa masse corporelle s'est divisée par 2, il reste immobile, face au verre donnant sur l’extérieur, portant son regard vide sur cet horizon. Il la voit, il voit et contemple la Prima Terra près de laquelle le Allpamanta s'approche lentement. Il ne la quittera plus des yeux.